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Appel à contribution – Sexualité et religion aux risques de l’enquête de terrain, Revue Emulations

Publi� le mercredi 15 juin 2016 � 10 h 19 min par Romain Paumier.

Un numéro à paraître en 2017 sera consacré au thème « Sexualité et religion aux risques de l’enquête de terrain », sous la direction de Myriam Joël (INED) et Josselin Tricou (Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis)

Date limite d’envoi des résumés : 15 juillet 2016

Les objets « sexualité » et « religion » ont été articulés dans de nombreux travaux, souvent selon une perspective historique venant éclairer ou compléter l’approche sociologique. Deux angles d’approche étroitement liés ont été largement privilégiés. Le premier concerne l’étude des représentations et des pratiques sexuelles des individus déclarant une appartenance religieuse, celle-ci relevant le plus souvent du catholicisme, du judaïsme ou de l’islam. Le second renvoie à l’analyse des prescriptions et des restrictions en matière d’activité sexuelle telles qu’elles sont diffusées au travers des textes fondateurs de ces trois grandes religions monothéistes. Si les questions de sexualité et de religion ne constituent donc pas une lacune ni dans le champ de la sociologie de la religion ni dans celui de la sociologie de la sexualité, une dimension plus prosaïque reste à explorer. Les chercheurs ayant mené des enquêtes de terrain n’évoquent en effet généralement qu’en filigrane les questions d’ordre pratique, éthique et méthodologique qui se sont posées pendant leur recherche. Outre les réserves des individus lorsqu’il s’agit d’aborder leurs comportements sexuels devant des personnes non familières telles que le chercheur – réserves couramment évoquées dans les productions scientifiques et que rencontre au demeurant l’ensemble des sociologues travaillant sur la sexualité –, il paraît fécond de s’interroger plus précisément sur les effets de la situation d’enquête dans une recherche articulant de manière spécifique les dimensions sexuelle et religieuse. Le terme « situation d’enquête » subsume ici à la fois la phase de recueil de données et celle qui lui succède (valorisation des résultats au travers de publications et de communications, retour fait aux enquêtés, etc.).

Émulations est une revue francophone de sciences sociales (sociologie, anthropologie, science politique, histoire) s’adressant prioritairement aux jeunes chercheurs, doctorants et post-doctorants, qu’elle accompagne dans l’accomplissement de leurs premiers textes, évalués en double aveugle. S’appuyant sur un comité de lecture international, elle est publiée aux Presses universitaires de Louvain, est accessible en libre accès surwww.revue-emulations.net et est référencée sur Google Scholar et Google Books.

Le dossier thématique de la revue Émulations à paraître en février 2017 fait suite à une journée d’étude intitulée « Sexualité et religion aux risques de l’enquête de terrain » qui s’est déroulée le 11 juin 2015 au Centre Pouchet de Paris, à l’initiative conjointe du Sophiapol, du Cresppa-LabtoP et le LEGS. À la suite de cet évènement scientifique, le numéro vise à proposer un espace de parole propice à un retour analytique critique de sociologues et d’anthropologues sur leurs travaux articulant les objets sexualité et religion, et qui souhaitent réfléchir à la manière dont les situations d’enquête rencontrées renseignent sur les processus sociaux à l’œuvre tant sur leur terrain que dans l’espace public ou dans le champ de la recherche scientifique. L’attention ne sera donc pas concentrée uniquement sur les rapports de l’enquêteur avec les acteurs du terrain, mais portera également sur les situations mettant en jeu l’enquêteur avec ses pairs ou des profanes. Cette réflexion s’organisera autour de trois grands axes thématiques.

  •  Identités de l’enquêteur-trice et rapport au terrain

Peu de choses ont été dites et écrites sur la manière dont les variables – réelles ou supposées – du genre, de l’âge, du milieu socio-culturel et de l’appartenance religieuse peuvent avoir des incidences sur la réalisation d’études explorant les dimensions sexuelles et religieuses. Si ces variables constituent parfois des limites ou induisent des biais, elles peuvent aussi présenter un intérêt heuristique. Dans quelle mesure les indices attachés aux personnes de l’enquêteur et de l’enquêté produisent-ils de part et d’autre des attentes, des jugements, des tentatives de contrôles, des contradictions et des provocations (l’empathie n’étant pas, rappelons-le, la seule posture favorable au recueil de données), chacun évaluant sa part d’altérité et de ressemblance ? Comment jonglent-ils avec les connivences, les duperies et les résistances pouvant apparaitre dans la situation d’enquête ?

  • Obstacles, tabous et illégitimités de l’enquête sur la sexualité chez religieux(ses) consacré(e)s

La sexualité demeure un objet de discours privés, à propos duquel les investigations générales paraissent suspectes. Ajouté à cela le fait que le discours sociologique sur la sexualité n’est pas considéré comme le plus adéquat, le discours en provenance des disciplines à visée clinique semblant au contraire plus autorisé, tandis que les enquêtes qualitatives sur la sexualité restent entachées d’une certaine illégitimité. En ce qui concerne les religieuses et religieux consacré.e.s, cette illégitimité se trouve renforcée par le fait que la dimension sexuelle est articulée à un système de restrictions morales prégnantes relatif à l’exercice de l’activité sexuelle. Quels soupçons sont attachés à ce type d’enquête et, par contamination, à celles et ceux qui les mènent ? Soumis à un rôle d’exemplarité, la non-conformité de leurs conduites les expose, et leur institution avec eux, à un risque de « scandale » dans la sphère publique. Cet état de choses rend-il difficile l’instauration de la relation de confiance ? Observe-t-on des tentatives de contrôle de la part de l’institution sur la réalisation de l’enquête ? Enfin se pose la question de la diffusion des savoirs tant dans la sphère profane que scientifique. L’aspect sensationnel de l’objet – au travers notamment du cortège de fantasmes qui y est associé – est-il propice à cette diffusion ou vient-il au contraire l’entraver ?

  • Représentations collectives, sources et textes du sacré

La question de la sexualité est abordée dans de nombreux corpus officiels, naturalisés et/ou normatifs, qui tendent à s’imposer aux chercheurs comme des objets incontournables à l’aune desquels ils comparent les pratiques et les représentations des acteurs. Ces textes font-ils « écran » à la réalité vécue ou constituent-ils au contraire une bonne entrée en la matière, favorable à la prise de parole sur un sujet éminemment intime, voire polémique ? Comment les acteurs se positionnent-ils vis-à-vis des représentations collectives – prégnantes dès qu’elles concernent la sexualité et la religion – et comment les articulent-ils à leurs expériences personnelles ? Comment réagissent-ils face aux productions scientifiques issues d’enquêtes auxquelles ils ont participé ? Enfin contourner le problème des incohérences entre normes et pratiques, pour interroger la performance ou l’agency des acteur.trice.s, pose une dernière question, celle de l’accès au vécu en partant non pas des normes religieuses, mais des pratiques religieuses et sexuelles via des sources diverses : observations participantes, récits de vie, sources judicaires, archives de l’intime, enquêtes par questionnaires, etc. Comment mobiliser de telles sources pour approcher les pratiques ?

Les propositions de contribution se feront sous la forme d’un résumé de 750 à 1000 mots. Elles comporteront un titre, cinq mots-clés et une brève présentation de l’auteur. Elles sont à envoyer par courriel avant le 15 juillet 2016 aux trois adresses suivantes :

redac (at) revue-emulations.net

myriam.joel (at) yahoo.fr

josselintricou (at) gmail.com

Les auteurs seront informés des suites données à leur article le 1er août. Les auteurs dont les propositions auront été retenues devront envoyer la première version de leur manuscrit pour le 1er octobre.

Calendrier

15 juillet : envoi des résumés

1er aout : retour des coordinateurs du dossier

1er octobre 2016 : envoi des manuscrits (entre 25.000 et 30.000 caractères espaces comprises).

1er novembre 2016 : retour des évaluations vers les auteur∙e∙s.

15 décembre : envoi des manuscrits retravaillés.

15 janvier : retour des évaluations vers les auteur∙e∙s.

15 février : travail d’édition

15 mars : publication du numéro

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